Au jeu de la nouvelle Amy, c'est Duffy la meilleure
Après Amy Winehouse, héritière toute désignée des 60's, voici que la Couronne d'Angleterre s'enorgueillit d'un nouveau joyau venu de Nefyn. Faites place à la nouvelle Dusty Springfield!En marketing, et en anglais dans le texte, on appellerait cela le second mover advantage, soit le bénéfice de celui qui prend la décision en deuxième position, laissant le premier défricher le marché et installer le produit. Dans le cas présent, c'est Amy Winehouse qui a fait office de machette en élaguant la jungle de la nouvelle pop/soul anglaise.
Vu la taille du couloir, d'autres entreprises se sont intéressées au marché: deux «firmes» se sont détachées, la Londonienne Adele et la Galloise Duffy. Première à suivre le mouvement, Adele a frappé fort avec son album 19. Puis Mercy, le premier single de Duffy, est apparu sur les ondes, telle une bombe au plutonium lourd. Ambiance 50's, tempo de northernsoul et orgue Hammond pour cinq semaines en tête du hit-parade anglais. Fission des noyaux auditifs, réaction en chaîne, déflagration et boom. Les Britanniques sont soufflés par la voix corrosive de cette blondinette de 23 ans au regard mutin et aux lèvres pulpeuses. Au Pays de Galles, son premier mini-album en gaélique, Aimée Duffy, sorti en 2004, caracole en tête des ventes. Amusant pour une jeune fille qui a passé quelque temps en Suisse sur un projet qui n'a jamais vu le jour...
L'opposé d'Amy
L'étiquette «new Amy» qui pendouillait de manière quelque peu lâche au col de son manteau en tweed est tranchée d'un bon coup de ciseaux. Pas de publicité mensongère, Duffy a de la dynamite dans les cordes vocales. Mais quand l'organe d'Amy Winehouse se fait noir et terriblement 60's, celui de Duffy se pare d'une tonalité plus haute, irisé de quelques pointes nasillardes délicieuses. Cela dit, résumer Duffy au seul titre Mercy serait faire injure au talent de la Galloise et à la richesse de l'album Rockferry. En partie produit par l'ex-guitariste de Suede, Bernard Butler, Rockferry explore des contrées diverses et variées. Tandis qu'Amy Winehouse se lovait dans les arrangements R&B-soul à la Motown, Duffy préfère écarter les carcans. Pas question de s'enfermer dans un style. Pour Aimée Anne Duffy, la musique se fait plurielle. Derrière l'imparable Mercy, les neuf autres pistes de Rockferry font voyager l'oreille entre soul 60's (Delayed Devotion), pop aux pointes trip-hop (Rockferry) et ballades jazzy aux accents gospel (Hanging On Too Long).
Rivale désignée d'Amy Winehouse, Duffy semble être le parfait contraire de la choucroutée aux yeux de biche. Douce, calme, posée, la Galloise de 24 ans a peu de chances de faire la une du Daily Mirror ou du Sun pour des frasques alcoolisées ou opiacées. Charmante, toute parfaite, la voix de Nefyn entretient superbement les différences qu'elle possède avec Amy Winehouse. Portée aux nues en quelques semaines seulement, Duffy a désormais un nouveau statut, celui de star.
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